A première vue, cela ressemble à un couac. Un vrai de vrai avec le scoop, puis les premiers démentis à chaud et enfin l’implacable verdict du tout puissant.
Hier matin, le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian, rappelez-vous le mythique « Comparini? Cette Salope! » c’était lui, a demandé « avec force le démantèlement définitif des 35 heures » au nom de son parti. Pour fêter dignement les 10 ans des 35 heures, notre Patoche en rajoute une couche et stipule que « ce que nous voulons, c’est que la durée du travail soit fixée entreprise par entreprise par la négociation sociale ».
Et à la question « Est-ce la fin de la durée légale du travail ? », le téméraire rétorque un franc « Oui […] ça cessera d’être un système national »
Difficile de faire moins diplomatique mais au moins ça a le mérite d’être efficace.
Quelques minutes plus tard, à l’UMP on a désormais l’habitude, c’est Jean-Pierre Raffarin, l’idée géniale du Lundi de Pentecôte travaillé c’était lui, qui calme le jeu en nuançant les propos de son confrère.
« Ce que veut dire Patrick Devedjian, ce n’est pas de donner aux partenaires sociaux, entreprise par entreprise, la liberté de discuter la durée légale, mais de discuter les heures supplémentaires. »
C’est pas faux, JP ! En effet, si on supprime les 35 heures, par la force des choses les heures supplémentaires qui nous séparent des 39 ou des 40h voire plus sont plus qu’entaillées.
Et là pour le coup, c’est « Travaillez plus pour gagner la même chose ». Moins vendeur comme slogan électoral, mais LE rêve ultime pour le MEDEF.
Le caporal des pompiers en visite dans l’Usine de Renault à Flins (78) s’attaque aux braises: « Tout le monde reconnaît aujourd’hui que les 35 heures n’étaient pas une bonne idée. Les 35 heures ont été un carcan imposé à l’époque et qui ne marche pas pour tous les salariés aujourd’hui » et « la durée du temps de travail se fasse entreprise par entreprise par la négociation salariale ». « Oups! I didn’t again » comme dirait une chanteuse célèbre.
Quelques minutes après, le sauveteur solitaire « réaffirme une durée légale du travail à 35 heures » pour négocier en « souplesse » les questions délicates de la flexibilité du temps de travail comme les heures supp.
Le soir, le Chef des pompiers, le petit Nicolas, circonscrit l’incendie par un Xavier Bertrand « a bien parlé, comme toujours ».
Mais au final, il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy avait déjà affirmé début janvier que 2008 serait l’année « de la fin des 35 heures ». Avant de revenir sur sa proposition, là aussi, « comme toujours ».
Il ne fait aucun doute que Patrick Devedjian a simplement parlé trop tôt et que le fond de sa pensée est exactement celle du président. Supprimer les 35 heures, étant l’excuse passe-partout devant la perte de croissance de la France.
Chez Peugeot Cycles (voir ici) on a d’ailleurs anticipé l’action du gouvernement en mettant les salariés au pied du mur: soit on supprime vos RTT (conséquences des 35 h), soit on délocalise la chaîne de production et on ferme l’usine. Avec le couteau sous la gorge, le choix est vite fait.
Là même technique de prise d’otage serait réalisée mais cette fois-ci légalement par le gouvernement et notre petit Nicolas sur le moyen terme.
Dommage pour nos politico-financiers, les 35 heures comme l’a rappelé sa créatrice Martine Aubry sur Dimanche + le week-end dernier, n’a fait qu’améliorer les conditions de vie des Français. C’est plutôt un « Travaillez mieux en vivant mieux »
Pour terminer rajoutons aussi que selon une étude américaine, la France par rapport au nombre de salariés est le pays le plus productif devant les USA eux-mêmes mais surtout devant l’Allemagne.
Cette Allemagne, dont on nous bassine les oreilles à cause de sa meilleurs croissance, est seulement gérée par des hommes politiques et des industriels plus sérieux et compétents.
La seule chose qui manque chez nous.
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