Julien Dray: Le Martyr du Parti Socialiste livré en pâture par la Justice aux médias

Aujourd’hui un article en forme d’écho à celui publié par le JDD.fr écrit par Juan de Sarkofrance et celui, du même auteur, intitulé, Julien Dray, des blogueurs, la gauche sur ces fameuses coulisses de Sarkofrance.

1. D’après le premier point abordé dans l’article du JDD, les journalistes de Mediapart et du Monde se transformeraient « en auxiliaire de police » sous prétexte de diffuser les informations du dossier. Certes celles-ci toujours à charge, sont sorties « étrangement » par hasard, mais force est de reconnaître que ce genre de pratiques peu morales constitue tristement une règle tacite dans le cadre d’affaires judiciaires concernant des personnages en vue (people ou politique).
Julien Dray n’a ainsi pas le monopole de cette entorse à l’instar de DSK, Michel Noir, Bernard Tapie et même Bérégovoy. Ce lynchage médiatique fait partie à la fois de la vie politique – en vieux briscard Mister Dray aurait-il tendance à l’oublier? – et à la fois au travail même des journalistes.
Car il ne faudrait pas oublier que l’objectif d’un journaliste, encore plus en Sarkozia, est d’écrire un article, qu’il soit publié et qu’il soit lu et vendu. Après la différence entre un bon et un mauvais journaliste – pas question de refaire ici un sketch des Inconnus promis – se fait sur la manière de collecter les informations avec les multiples recoupements nécessaires via différentes sources et donc au final, sur la qualité des informations publiées, la plume de l’auteur étant la cerise sur le gâteau, gage d’un succès total.
Mais il y aura toujours la place pour une presse diffamante et facile. la difficulté réside à l’ignorer, purement et simplement de la même manière que vous ne faites aucun crédit au Voici et Gala dans un autre registre.

2. Concomitance entre le mouvement étudiant de la FIDL et l’affaire Dray-Associations (dont SOS Racisme et…la FIDL). Qui peut le nier? Une curieuse coïncidence dont on se dit plutôt que le clan UMP avait des informations compromettantes sur Julien Dray et qu’il a su les utiliser au bon moment, à savoir en mode contre-attaque. Là encore, ça s’appelle de la « politique », qu’on le veuille ou non. Chaque parti épie l’autre jusqu’aux limites permises par la loi, amoncelle ses scuds de futurs scandales et planifie leur utilisation en fonction des découvertes de l’autre camp à son égard. Car aucun parti n’est « propre » à 100%, soyons sérieux.
Pour parodier le slogan ségolien, nous ne sommes plus dans le « gagnant-gagnant » mais dans le « perdant-perdant ». Et celui qui contrôle les médias (via les financiers) a pratiquement gagné d’avance. La réalité le prouve malheureusement chaque matin.

3. […] « les journalistes ont trouvé un socialiste à pendre car il semble autant aimer les Rolex que notre Monarque élyséen. » […] Ce goût des belles montres reste pire que tout. Car au-delà des chiffres avancés, certains en millions d’euros, cela reste le détail qui choque le plus. A quoi bon même les nier puisque forcément personne ne peut vérifier soi-même de telles allégations.
Restons en alors à ces montres de collection puisqu’elles sont la seule partie du dossier non démentie par l’accusé, présumé innocent.
Une réflexion, certainement dans le plus pur style « vieille école » vient ainsi à l’esprit: est ce que de tels achats et par extension un tel train de vie restent compatible avec le poste de représentant élu de la cause socialiste?
Alors un grand magna français de la presse – il se reconnaîtra – s’offusquait de ce raisonnement puisque sa possession de plusieurs instruments de musique d’un montant total dépassant les 10 000 euros, ne faisait pas de lui un « mauvais socialiste ».
C’est précisément là toute la différence entre un simple sympathisant – admettons qu’il le soit car je n’ose croire qu’il soit militant encarté « PS » notre magna – et un élu dit socialiste.
Plutôt que de penser au pauvre Saint Julien le naïf oppressé qui croyait ne jamais soulever le moindre doute (même à tort) avec sa nébuleuse d’associations, pensons à l’électeur lambda d’habitude  » de gauche » au hasard une caissière ou un ouvrier, le stéréotype étant voulu.

Qui peut raisonnablement croire, après toutes les promesses non tenues à savoir le bilan des années Mitterrand et la débandade Jospin, qu’il ou elle votera pour le parti socialiste aux prochaines élections?
Le Français moyen, vous savez celui qui finalement décide de l’issue d’une élection, en a assez des beaux discours qu’ils viennent de la droite ou de la gauche. Autant de tels actes (les achats de montres de luxe ou de collection) seraient normaux côté UMP (droite = gloire à l’argent roi et « bling-bling » à gogo), autant ils deviennent purement vomitifs quand un représentant d’un parti se voulant et se devant proche du peuple, les pratiquent visiblement sans aucun scrupule.
Quand une partie de l’électorat présente des difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois, celle-ci réfléchie justement à deux fois avant de redonner toute sa confiance dans un parti chargé soi-disant de défendre ses intérêts mais qui finalement s’entête dans des chamailleries internes, accumule les scandales judiciaires et ne montre finalement que peu de différences avec un UMP dévastateur. Alors l’électorat, pas aussi mouton que certains pourraient le penser, essaye d’autres pistes, parfois dangereuses. L’élection en forme d’avertissement à Hénin-Beaumont est là pour en témoigner.
Ainsi, tant que les hautes sphères du PS n’auront pas compris ce raisonnement, et qui ne l’auront pas mis en pratique, tous les manifestos du monde ne changeront rien au destin d’un parti à bout de souffle : encore de futures cuisantes branlées électorales à prévoir.

Julien Dray en martyr sur sa croix

4. « la droite au pouvoir avait besoin d’un exemple socialiste. Il lui fallait crucifier un opposant sur le terrain bling bling »
Crucifier est le terme exact. Politiquement Julien Dray semble mort à court terme, même si la Justice le blanchit. Dans l’opinion publique, on ne ressort pas indemne d’un tel scandale. Si par hasard, la résurrection électorale de Saint Julien devait se faire, nul doute que les allusions hérétiques concernant ses montres se multiplieront encore plus rapidement que les pains du petit Jésus.
A l’instar du récit mentionné dans les Evangiles, il ne faut pas faire l’impasse non plus sur une éventuelle trahison parmi tous ses amis du Parti Socialiste. Julien Dray passe effectivement, comme le rappelle Juan dans ses articles, pour un homme de l’ombre, fins connaisseurs des arcanes de Solférino. Eliminer médiatiquement l’individu semble ne pas être dénué d’intérêts à l’UMP comme au PS. D’ailleurs on élimine que les gêneurs, c’est bien connu.

Sainte Ségolène priez pour nous

5. Pierre Bergé. Et si la cible n’était effectivement pas Julien Dray mais plutôt Ségolène. L’hypothèse n’en est plus une quand on sait, comme précisé dans l’article repris par un JDD, que celui-ci finance en plus des achats de Julien, le combat politique de Ségolène Royal.
Alors quoi de mieux à terme, qu’un scandale éclaboussant la Jeanne d’Arc de Poitou-Charentes? Histoire qu’en 2012, comme cela a été sûrement négocié, DSK soit porté en triomphe, véritable alternative crédible à l’effroyable Nicolas Sarkozy.
Une place en or au FMI et un soutien sans faille sur la scène internationale malgré de récents scandales de fesses, se monnayent aisément contre l’octroi de quelques dossiers sulfureux, des noms d’associations, des numéros de compte. Insuffisant pour la Justice au final. Fatal aux yeux du public prêt à se tourner vers le premier messie venu du nouveau monde.

Dans le deuxième article, celui des Coulisses de Sarkofrance, l’élu aux stigmates a prêché une nouvelle fois contre la « présidentialisation du régime », et abordé « l’héritage socialiste de 1981 ».
Un baratin sans nom encore, digne d’un prédicateur américain, invoquant la foule pour attirer l’attention sur lui. Enfoncement de portes ouvertes, concepts d’une banalité sans borne qui n’intéresse que les philosophes du socialisme, un entretien qui fait finalement pschiiittt.
On reste sur notre faim avec pareil entretien. On nous parle ensuite d’alliance avec le Modem, histoire de montrer une différence avec « titine ».
Saint Julien serait-il comme les autres éléphants? Ils se regardent le nombril, disent et contredisent leurs anciens amis, et le schmilblick n’avancent pas. Saint Nicolas peut même espérer un second mandat en 2012, si son cœur de sportif du dimanche ne le lâche pas avant.
Concernant les traîtres du parti, passé dans le camp UMP sans le moindre remords, « Dray en appelle à l’indulgence sur les individus » sous prétexte que le Roy fatigué aurait visé « des marginaux à gauche ».
Pourquoi diable, trouver toujours des excuses, chercher le compromis, atténuer les sanctions et faire en sorte ce que ses prédécesseurs du PS ont toujours fait: un parti mou?
On en revient toujours au même problème. Sous son apparente différence, sous ses airs d’homme qui parle vrai, on replonge inévitablement dans les mêmes naïvetés d’un système mafieux où le copinage est loi, permettant des contre-pouvoirs au sein de fédérations créant ainsi des chapelles qui prêchent non pour le parti et les valeurs qu’il est censé véhiculer, mais uniquement pour leur propre paroisse.
Qui sont ces bigots du socialisme capables d’invoquer Jaurès et Blum et qui ne font pas mieux que celui qui vient récemment et vulgairement de s’en accaparer la mémoire? Rien sinon ces pires assassins.

Que faudrait-il alors au Parti Socialiste? Simplement un Roger Salengro du XXIème siècle, un homme politique refusant tout compromis avec ses valeurs de gauche et sa morale, capable de faire de la politique avec ses tripes, n’hésitant pas à aller sur le terrain avec ou sans média, et allant même jusqu’à se donner la mort pour prouver sa bonne foi.

Un commentaire sur “Julien Dray: Le Martyr du Parti Socialiste livré en pâture par la Justice aux médias

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  1. Avec le PS on va de déception en déception, on les croyait à l’abri des magouilles, mais il n’en est rien. Touche pas à mon pote…. mais c’est mon Pote qui touche à des biens qui ne lui appartiennent pas ! Entre Trotskistes, on se sert la main, tous de la même famille.
    Alors que le fondateur d’SOS Racisme, Harlem Désir évolue maintenant dans les hautes sphères, parvenu on ne sait comment et on ne cherche pas à comprendre, à grimper les échelons de la notoriété, indifférent à ce qui est resté dans son sous-sol de banlieue, les différents Présidents qui se succèdent, se dirigent aussi, dans la mesure du possible, vers les sommets bien payés, même si, comme pour Malek Boutih, on irait jusqu’à mettre un pied dans le camp de Nicolas. Tout est permis pour arriver, même si on oublie qu’au départ on défendait la veuve et l’orphelin qui venaient d’ailleurs.

    Alors le moins malin se laisse prendre, Julien Dray se serait enrichi, victime des belles montres, mais est-il le seul ? Ségolène aussi…. qui présente ses factures à Pierre Bergé. Mais quand celui-ci aura disparu, qui prend la relève ?

    Bref, toutes les magouilles de ces gens à double façettes sont irritantes au plus haut point et je partage avec vous l’ensemble de votre article.

    Finalement, la France est dans une bien mauvaise posture avec toutes ces bandes de contrebandiers des temps modernes !

    Je ne sais pas où on va, mais on y va !
    Bonne journée, amicalement
    genevieve

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  2. L’article est pertinent, maintenant que ce soit le PS ou un autre parti et encore moins l’UMP (Union Majoritairement Pourrie) n’est clean, dans leurs seins se trouvent des opportunistes qui ne vénèrent qu’une chose le « Dieu Pouvoir »
    Une descente aux enfers de Ségolene Royal par participants interposés c’est possible, mais d’un autre coté elle s’y est mise seule un petit peu…
    Si quelqu’un connait un politicien clean sous tout rapport qu’il me le fasse savoir, j’aimerai le connaître, même la personne que je soutien et milite pour lui doit avoir un cadavre ou deux dans son placard…

    Rien à voir avec l’article…
    Merci Cpolitic, j’ai suivi tes conseils pour les BD… après une nuit de réflexion l’étincelle est sortie du poix chiche qui me sert de cerveau
    Amitiés
    Pat59

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    1. Concernant la clean « attitude », c’est justement un des rappels de l’article. Alors oui, au fil du temps c’est devenu la normalité, dans la mesure où tous les partis ont des cadavres dans le placard, mais justement n’est-ce pas cela qui nous fait nous détourner d’eux et de la politique. En d’autres termes: est ce normal?

      Cdt,
      Cpolitic

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  3. Tu as malheureusement raison, c’est un peu comme une différence entre les States et nous, en Amérique un président qui n’est pas marié ou est infidèle on le cloue au pilori et jamais il ne sera réélu…
    J’ai lu un article d’un célèbre humoriste qui dit qu’en France un président qui n’a pas couché ou magouillé n’est tout simplement pas crédible donc inéligible…
    A méditer.
    Amicalement
    Par

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  4. dsk s’est servi de la mnef (500000+tva)et c’est des euros !
    c’etait sa manière de contribuer à l’amélioration des soins aux étudiants.

    Maintenant c’est dray qui pompe la caisse aux gogos qui croient que leurs dons combattent le racisme. (united colors of swatch ? non, rollex !)

    Vous avez deja entendu parler du concept d' »idiot utile » ?

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    1. Au hasard un synonyme « d’idiot utile »: un électeur qui voterait pour un candidat pas très « clean » et qui pardonnera les éventuelles affaires l’éclaboussant?

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  5. Une accusation “d’abus de confiance” est, parmi toutes les machinations sordides qui peuvent sortir de cerveaux passablement dérangés, la pire que l’on puisse subir.
    C’est une accusation diffuse, sans preuves avérées, surtout faite de délations, de ragots de bas étage, et le service Tracfin à bien d’autres cibles à sa disposition, surtout avec ce qui se passe dans les milieux gouvernementaux à l’heure actuelle.
    Le jeu, c’est de lancer une accusation sans vrai fondement, d’actionner les médias, atteindre la crédibilité et le moral de la cible et d’attendre… sans donner de raisons à cette manoeuvre.

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    1. Certainement. Mais ce qui est plus dérangeant encore c’est la version officielle, la raison fournie par Julien Dray: un ou des prêts de 300 000 euros à des associations, prêts qui ont été remboursés par l’intéressé.
      Sauf que ce simple fait suffit à mettre en doute l’éthique de l’accusé. Rien d’illégal, donc juste un problème de moralité, car il est censé être socialiste donc proche des peuples (vision naïve je vous l’accorde)

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